GARNI RIVAPIANA Traces d’une enquête

11.1.2020 - 24.1.2020
Un soir de novembre, sous une pluie battante, je logeais seul dans cet hôtel désaffecté où je fus saisi par son ambiance. Son décor me rappelait quelques motels fréquentés dans les années 1980, durant un long voyage sur les routes d’Amérique du Nord. Certes, rien d’inquiétant … si ce n’est le sentiment de quitter le fil de notre temps pour plonger dans celui du lieu, figé 40 ans plus tôt.

Rien de bien particulier … à l’exception de curieux numéros marqués au sol et sur les murs, sortes de traces d’investigations ou d’une enquête ... quelque crime odieux aurait-il été commis ici, entraînant la fermeture de l’établissement ? Je l’ignore. Marques de sondages à la recherche de substances suspectes ? Pas la moindre idée.

Visionnant durant la soirée mes photographies de friches industrielles réalisées à proximité, je sentis une sorte de dialogue s’instaurer entre ces vestiges architecturaux et le décor qui m’entourait. Le Garni s’imposait comme un véritable sujet à traiter... l’obscurité était trop importante, il fallait y revenir.

Nouveau voyage pour Rivapiana, nouvelle rencontre avec le Garni, sans autre but que d’y passer 24 heures, suivre ces curieux numéros ... photographier comme on mènerait une investigation ... trouver l’articulation entre les traces de cette enquête passée et celles que nous laisserons un jour sur le paysage… associer la vision de nos futurs vestiges à ces empreintes d’un vie figée 40 ans plus tôt … sorte de «chassé-croisé» au fil du temps qui passe, entre temps passé et temps à venir.

Au matin, chaque pièce, chaque chambre, de la buanderie à l’office, avait été visitée, ne manquaient que les images de quelques futurs vestiges de notre temps. Par chance, au creux du Val Verzasca voisin, un barrage impose sa monumentale présence.

Désert dans ce petit matin d’un dimanche d’hiver, encore à l’ombre des montagnes, cette gigantesque muraille surgissait, telle qu'elle pourrait un jour surprendre le regard d’un voyageur découvrant ainsi les vestiges d’une civilisation perdue.

Dans l’exposition, les grands formats de l’intérieur de l’Hôtel oublié jouent de la perspective pour créer une illusion de son décor où les images du barrage, encadrées telles des gravures, prennent place comme accrochées aux murs des chambres.